Rétrospective : le strength boat
Comme beaucoup de coachs ou de Scrum Masters, j’ai pu constater l’essoufflement d’une équipe Agile lorsque arrivait l’heure fatidique de « la rétrospective ».
Les formats de rétrospective ont beau être variés, ils tournent souvent autour du classique « les +, les -, les actions ».
J’ai eu la chance de découvrir, lors d’une formation donnée par Gery Derbier et Laurent Sarrazin, le principe du strength boat. A mon tour de vous le faire découvrir.
Objectif
Le Strength Boat est tiré de l’approche « Solution Focus », et fait donc la part belle aux solutions et améliorations possibles, plutôt qu’aux freins et désagréments que l’équipe rencontre.
Matériel
- Des post-it (dans l’idéal, de 4 couleurs différentes)
- Une grande feuille de paper board format A1 (meeting charts)
- Des feutres pour que tous les participants puissent écrire sur des post-it
Préparation
Prenez vos plus beaux feutres et laissez-vous guider par votre âme d’artiste. Reproduisez le dessin ci-dessous sur votre grande feuille de paper board.
Déroulement
Distribuez les feutres et les post-it aux participants, et affichez votre œuvre d’art au mur. Déroulez ensuite les étapes suivantes à votre convenance. Personnellement, je le fais souvent sous forme de brainstorming fermé, étape par étape.
Objectif
Comme son nom l’indique, cette étape consiste à clarifier l’objectif, et faire en sorte qu’il soit bien partagé par tous. C’est exactement le même principe que pour le speed boat.
Attention, lorsque vous demandez aux participants de noter ce qu’est pour eux l’objectif à atteindre, n’oubliez pas de positionner cet objectif dans le temps (dans 1 mois, 3 mois, 1 an, …).
Echelle
Demandez à chaque participant d’évaluer, sur une note de 0 à 10, où nous en sommes aujourd’hui par rapport à l’atteinte de cet objectif (0 étant : « nous n’avons pas encore quitté le port », 10 étant : « l’objectif est déjà atteint »). Faites-le soit en brainstorming ouvert (chacun vient inscrire sa note sur le dessin), soit en brainstorming fermé (chacun indique sa note sur un post-it, l’animateur récupère les post-it puis inscrit les notes sur le dessin).
Personnellement, j’aime bien couler la bouée correspondant au 5. Cela incite les participants à se positionner ailleurs que « pile au milieu ».
Une fois toutes les notes inscrites sur le dessin, inscrivez clairement et lisiblement la moyenne des notes.
Vents porteurs
Comme pour un speed boat, cette étape consiste à recenser les points forts de l’équipe. Pour cela, je vous invite à poser la question « Qu’est-ce qui justifie qu’on en est déjà à X ? » (X étant la moyenne des notes des participants sur l’échelle de bouées).
Il est quasiment impossible que les participants aient donné une note de 0 (cela ne m’est jamais arrivé). Même dans le cas d’une moyenne à 2, cette étape consiste à demander aux participants pourquoi ils n’ont pas noté 0. S’ils ont noté 2, c’est qu’ils ont déjà identifié des succès ou des forces qui nous rapprochent de l’objectif fixé lors de l’étape 1. C’est le moment de les recenser.
Faire +1
Maintenant que l’objectif est partagé, que nous savons où nous en sommes, et que nous connaissons nos forces, il est temps de définir ensemble comment nous allons pouvoir progresser.
Pour cette étape, demandez aux participants « que pouvons-nous faire pour faire +1, et avancer jusqu’à la prochaine bouée ? ». Vous pouvez même insister sur le côté personnel, en demandant à chaque participant de se demander « qu’est-ce que moi, je peux faire pour faire +1 ?».
Au lieu de se focaliser sur ce qui ne va pas (les ancres dans le cas du speed boat), on reformule directement les points faibles en idées d’améliorations. Chacun fait donc automatiquement l’exercice dans sa tête de proposer des solutions aux problèmes qu’il identifie. Cela évite de tomber dans le syndrome de la complainte sans solution, car on se focalise sur ce que l’équipe peut faire pour progresser (et pas sur les problèmes contre lesquels on ne peut rien faire d’autre que subir).
Observables
La dernière étape du Strength Boat est primordiale. Elle permet de recentrer toute l’équipe sur du concret, de l’observable.
En demandant aux participants « Dans X temps, comment constaterons-nous que nous avons fait +1 ? Quels éléments concrets nous permettront de nous en assurer ? Si dans X temps, quelqu’un de l’extérieur observe votre équipe projet, que constatera-t-il de différent ?», vous permettez aux participants de se recentrer sur des éléments concrets de leur projet.
En effet, lors de l’étape 4, les participants peuvent avoir tendance à inscrire des actions trop vagues, voir des déclarations d’intention. Vous leur demandez donc ici de concrétiser ces déclarations d’intention, en leur demandant de se projeter dans un futur proche (comme pour toute rétrospective, il est important de se définir un plan d’actions à mettre en œuvre dans un avenir très proche).
Avantages de ce format de rétrospective
Le plus gros avantage que je trouve à ce format de rétrospective est qu’il se focalise sur les forces du projet, plutôt que sur ses faiblesses.
Grâce à la notion de « +1 », il recentre l’équipe sur des actions à court terme (technique des petits pas). On ne cherche pas à atteindre tout de suite la note de 10, on cherche à progresser petit à petit. On est totalement dans le principe d’amélioration continue que l’on cherche à mettre en œuvre lors de la rétrospective.
Ce jeu peut être également utilisé en dehors de la rétrospective. Il peut être utilisé dans toute situation dans laquelle nous cherchons à partager un objectif et à trouver comment l’atteindre.
Je remercie donc Gery Derbier pour m’avoir fait découvrir ce jeu, que je ne cesse de pratiquer depuis que je l’ai découvert.