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Les enjeux et opportunités de la durabilité

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Sommaire

  1. Introduction
  2. L’Humain au cœur de la durabilité
  3. La vision du décideur : s’engager en faveur de l’impact
  4. Innover avec conscience : le rôle central des équipes techniques
  5. Tous responsables
  6. La durabilité : un avantage stratégique pour les entreprises
  7. Conclusion

Introduction

La lutte contre le changement climatique constitue un enjeu systémique qui s’étend à tous les secteurs, y compris celui du numérique. En tant que contributeur majeur aux émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), représentant environ 4% des émissions totales, le secteur numérique est confronté à une tendance préoccupante qui pourrait voir ce chiffre doubler d’ici 2025. Il est donc impératif que des actions concrètes et coordonnées soient entreprises pour réduire cette empreinte écologique.

L’empreinte carbone du numérique ne se limite pas au développement logiciel, mais englobe l’ensemble de la chaîne de valeur : la conception des produits, l’architecture des systèmes, le développement, l’infrastructure d’hébergement, ainsi que la durabilité et le recyclage des équipements. La production et l’utilisation des équipements numériques nécessitent annuellement 62,5 millions de tonnes de ressources, tandis que 78% de l’impact environnemental est directement lié à la fabrication des équipements, en raison principalement de l’extraction des métaux rares dans des pays où le mix énergétique est fortement carboné. Chaque composante de cette chaîne de valeur joue un rôle essentiel dans la réduction de l’empreinte écologique.

Pour relever ces défis, une mobilisation des entreprises du numérique est nécessaire. Cela requiert l’engagement de toutes les parties prenantes, des dirigeants (CEO) aux développeurs, avec un alignement des objectifs environnementaux à chaque niveau de l’organisation. Ces objectifs doivent être définis de manière stratégique au plus haut niveau et traduits en actions opérationnelles tout au long de la chaîne de valeur, afin d’intégrer efficacement la réduction de l’empreinte carbone dans les indicateurs de performance et la gouvernance de l’entreprise.

Cet article inaugure une série consacrée aux enjeux et aux opportunités de la durabilité dans la chaîne de valeur numérique. À travers plusieurs volets, nous explorerons chaque étape : de la conception des produits à l’infrastructure d’hébergement, en passant par la conception technique et le développement.
L’objectif : montrer comment l’implication de chaque acteur est essentielle pour réussir une démarche d’éco‑conception.

Ce premier article est dédié au facteur humain, véritable pierre angulaire de toute démarche durable. Nous y mettons l’accent sur l’importance de la mobilisation des équipes, sans laquelle aucune transformation vers des pratiques plus responsables ne peut aboutir.

L’Humain au cœur de la durabilité

La transformation de notre secteur vers un engagement environnemental plus marqué, s’accompagne d’enjeux complexes, d’opportunités stratégiques et de menaces potentielles qu’il est crucial de comprendre pour orienter efficacement nos actions.

Dans l’écosystème du développement logiciel, l’aspect technique n’est que la moitié de l’équation.
L’autre moitié, tout aussi essentielle, est l’élément humain. Pour véritablement intégrer des principes de durabilité dès la conception, il faut placer l’humain au centre de cette démarche. De la salle du conseil d’administration au bureau de l’ingénieur logiciel, chaque individu a un rôle à jouer.

La vision du décideur : s’engager en faveur de l’impact

Les dirigeants et les décideurs ont la capacité unique d’orienter l’ensemble d’un projet ou d’une entreprise vers une approche durable. Cette vision peut se manifester de plusieurs manières :

  • Définition d’une mission éco-responsable : Ancrer la durabilité dans la mission ou la vision d’une entreprise garantit que chaque décision, grande ou petite, est évaluée à travers le prisme de l’impact environnemental.
  • Allocation des ressources : Les décideurs ont le pouvoir de prioriser et d’allouer des ressources spécifiques pour la recherche, le développement et la mise en œuvre de solutions durables.
  • Mise en place d’indicateurs de performance : « Ce qui ne peut être mesuré ne peut être amélioré », l’introduction d’indicateurs spécifiques axés sur la durabilité garantit une mesure et une évaluation régulières des efforts de l’entreprise en matière d’éco-responsabilité.

Innover avec conscience : le rôle central des équipes techniques

Les équipes techniques sont le moteur de l’innovation. Cependant, même les solutions les plus innovantes peuvent manquer d’efficacité écologique sans une compréhension claire et une sensibilisation aux enjeux de la durabilité. Cela passe par une formation continue et régulière sur les outils et tendances du développement durable. Il est également important d’encourager la collaboration interdisciplinaire entre techniciens, écologistes et experts en durabilité afin de concevoir des solutions plus équilibrées et holistiques.


En intégrant ces principes de durabilité dès la conception et en plaçant l’humain au centre de cette démarche, nous nous assurons que ces efforts perdureront et évolueront au fil du temps. Eveiller les consciences dans nos métiers de concepteurs et développeurs nous impacte également en tant qu’individu dans notre rôle d’utilisateur et de consommateur. Cela contribue à créer un cercle vertueux de durabilité et de responsabilité environnementale, propulsant le changement à travers différents secteurs.

Tous responsables

Chaque composant matériel, qu’il s’agisse de machines, de terminaux clients, d’équipements réseau ou de serveurs, est le résultat d’une chaîne de fabrication complexe qui requiert une consommation significative de ressources minières et énergétiques. Cet impact environnemental ne se limite pas à la fabrication, il se prolonge tout au long du cycle de vie des appareils, marqué par une consommation continue d’énergie pour leur fonctionnement.

Notre contribution en tant qu’acteurs du secteur logiciel consiste à limiter la consommation de ressources matérielles par le software. Une conception logicielle optimisée peut effectivement réduire les besoins en hardware, diminuant ainsi la demande de nouveaux dispositifs. En parallèle, la réduction de la consommation énergétique dans le domaine digital doit se concentrer sur plusieurs axes. D’un côté, il s’agit de diminuer la consommation directe des processeurs (CPU, GPU, TPU, LPU…) et de leurs systèmes de refroidissement, en optimisant leur utilisation pour abaisser leur empreinte énergétique. D’un autre côté, il faut maîtriser l’utilisation de la bande passante et de la mémoire vive (RAM), qui, bien qu’essentielles, contribuent également à alourdir le bilan énergétique.

Cette approche d’optimisation logicielle déclenche un effet multiplicateur bénéfique pour l’environnement. Réduire les besoins en calcul limite les besoins en nouveau matériel, diminuant ainsi les émissions de gaz à effet de serre, particulièrement celles issues de sa production, l’une des étapes les plus polluantes. Ainsi, l’optimisation logicielle ne se limite pas à réduire la consommation énergétique, elle aide également à diminuer les émissions de gaz à effet de serre en limitant la demande de production de matériel.
Cela favorise la création d’un cercle vertueux de durabilité environnementale, encourageant ainsi un développement plus durable à travers divers secteurs.

Schéma chaîne de fabrication, source : Néosoft

La durabilité : un avantage stratégique pour les entreprises

L’intégration des principes de durabilité devient un levier stratégique pour se différencier et offre aux entreprises des opportunités majeures :

  • Optimisation de l’expérience utilisateur

L’éco-conception intègre une approche holistique de l’optimisation des processus digitaux, notamment les tunnels de vente. Un tunnel de vente hautement réactif constitue un vecteur essentiel de maximisation des conversions, contribuant ainsi à une adoption accrue des produits par les utilisateurs. Une étude menée par
Deloitte (2019) a mis en évidence que l’augmentation du temps de chargement d’une page de 1 à 5 secondes peut accroître la probabilité de rebond de 90%, soulignant l’importance de la rapidité de l’interaction numérique. En adoptant ces pratiques, les entreprises sont en mesure, non seulement d’améliorer l’expérience utilisateur, mais également de stimuler un engagement plus profond des consommateurs.

  • Développement de nouveaux marchés

L’adoption de pratiques durables permet donc aux entreprises d’accroître la confiance des utilisateurs en leurs produits et de renforcer leur image de marque. Cela se traduit par une fidélisation accrue des consommateurs et une croissance de la base clients. Cette approche permet de pénétrer de nouveaux marchés sensibles aux préoccupations environnementales, tout en consolidant les parts de marché existantes. La durabilité devient ainsi un vecteur de différenciation concurrentielle.

  • Attractivité des talents

Par ailleurs, dans un secteur technologique en quête de sens, les professionnels recherchent des employeurs qui partagent leurs valeurs. Une orientation affirmée vers la durabilité permet non seulement d’attirer des talents, mais également de les fidéliser. Les entreprises qui se positionnent comme des acteurs responsables
deviennent des employeurs de choix, capables de fédérer leurs collaborateurs autour d’une vision partagée et porteuse de sens.

  • Réduction des coûts

Cette orientation durable constitue également un levier d’optimisation et de réduction des coûts. En mettant en place des pratiques responsables, les entreprises sont en mesure d’anticiper les évolutions réglementaires, d’éviter les sanctions financières et d’optimiser l’utilisation des ressources. Cela comprend la réduction de la consommation énergétique, la minimisation des déchets, ainsi que l’optimisation de la chaîne logistique, ce qui conduit à une amélioration de l’efficacité opérationnelle et à une meilleure rentabilité.

  • Accès à des financements responsables

Enfin, les investisseurs, de plus en plus attentifs aux risques environnementaux, privilégient les entreprises qui adoptent des pratiques résilientes. En intégrant des stratégies écologiques, les entreprises peuvent non seulement renforcer la confiance des investisseurs, mais aussi accéder à des financements labellisés, souvent assortis de conditions avantageuses. Cela se traduit par une valorisation accrue de l’entreprise et une amélioration de son attractivité sur les marchés financiers, favorisant une croissance durable et sécurisée.


À l’inverse, la sensibilisation croissante du public aux questions environnementales fait de la responsabilité écologique des entreprises un critère déterminant pour les consommateurs. Tout manquement à cette responsabilité peut entraîner la perte de leur confiance, amenant ainsi ces consommateurs à se tourner vers les produits et services de concurrents plus responsables. Ceci pourrait résulter en une diminution des parts de marché existantes ou en la perte d’opportunités sur de nouveaux marchés.

Conclusion

L’éco-conception logicielle ne doit plus être perçue comme une contrainte, mais comme une opportunité stratégique, tant sur le plan technologique qu’économique. Elle favorise l’innovation, stimule la performance et répond aux attentes croissantes des utilisateurs, des collaborateurs et des investisseurs.

En plaçant l’humain au cœur de cette transformation, en alignant les ambitions environnementales avec les objectifs métiers, et en rendant chaque acteur responsable de son impact, nous pouvons construire un numérique plus sobre, plus résilient et plus vertueux.

Il ne s’agit pas seulement de coder autrement, mais de penser autrement. Car c’est dans cette nouvelle manière de concevoir, de décider et d’agir que réside le véritable levier d’un avenir numérique durable.

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