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Cybersécurité et cinéma : décryptage des clichés (et quelques vérités)

La cyber dans le cinéma

Sommaire

  1. Des mythes bien tenaces
  2. Une image erronnée mais des menaces bien réelles
  3. Le mot de la fin

Le cinéma et les séries abordent souvent la cybersécurité avec un mélange d’exagérations et de vérités partielles. Pourtant, derrière ces histoires parfois spectaculaires, se cachent des défis bien réels qui concernent toutes les entreprises aujourd’hui. Cet article propose de démêler le vrai du faux, pour mieux comprendre les enjeux actuels de la cybersécurité et pourquoi il est crucial d’en être conscient, au-delà des idées reçues.

TERRE, 1996. Les oreilles du monde se tendent lorsqu’un radiotélescope intercepte des ondes étranges, signalant la présence d’un vaisseau extraterrestre immobile en orbite géostationnaire lointaine. L’inquiétude se mue en terreur alors que d’autres mastodontes spatiaux percent l’atmosphère, planant lentement au-dessus des métropoles mondiales. Puis, sans crier gare, le ciel s’embrase. Une pluie de destruction et de désolation s’abat sur la planète. De chaque vaisseau amiral vomit une nuée de chasseurs, semant le chaos et défiant la riposte désespérée de l’US Air Force. Rien n’y fait : aucun pilote humain ne parvient à entamer les impénétrables boucliers extraterrestres.

Après d’innombrables affrontements acharnés et de multiples revers, l’espoir s’amenuise. Les protagonistes, au bord du désespoir, explorent des pistes sans issue. C’est alors que, dans un éclair de génie, l’analyste informaticien David Levinson a une intuition aussi simple que révolutionnaire : infiltrer le système informatique du vaisseau-mère avec un virus dévastateur, capable de désactiver à distance tous les boucliers ennemis via un signal satellite !

Au terme d’une mission spectaculaire et périlleuse, défiant toutes les probabilités, David Levinson et son audacieux compagnon, Steven Hiller, parviennent à s’introduire dans l’antre du vaisseau-mère et à y inoculer le code malveillant…

Enfant, cette scène d’Independence Day m’avait à peine effleuré, mon attention étant captivée par le sort de Will Smith et Jeff Goldblum. Pourtant, des années après, le visionnage de ce blockbuster provoque chez moi un cri d’indignation. Au-delà de l’invasion extraterrestre et de la science-fiction sous-jacente, rien ne tient debout ! Comment croire un seul instant que le système informatique alien serait compatible avec nos outils et vulnérable à un vulgaire programme ? Développé dans quel langage ? Certes, certains rétorqueront la récupération d’un vaisseau crashé cinquante ans plus tôt et le fameux reverse engineering. Mais sérieusement, À quel moment, en franchissant le seuil d’une entrée de service d’un vaisseau spatial extraterrestre – insistons sur extraterrestre – trouve-t-on non seulement un port USB standardisé, mais qui, de surcroît, nous ouvre les portes du cœur même de leur réseau ? Et surtout, qui, dans une situation aussi critique, se soucie de développer une interface graphique avec une barre de progression, s’il vous plaît !?

Non, décidément cela ne tient pas la route. Nous sommes face à un pur Deus Ex Machina – littéralement « Dieu issu de la machine » en latin –, cet événement inattendu et improbable qui dénoue l’intrigue de manière artificielle. L’arrivée des Grands Aigles à la fin du Seigneur des Anneaux : Le Retour du Roi en est un autre exemple classique. Ce procédé éculé, à l’instar de la surabondance d’interfaces graphiques sophistiquées, illustre parfaitement les clichés tenaces qui gangrènent la représentation de la cybersécurité et de l’informatique au cinéma depuis leur introduction. Aujourd’hui, levons le voile sur ces stéréotypes qui façonnent notre perception de la sécurité informatique sur grand écran.


Des mythes bien tenaces

  • Le hacker à capuche

Dans l’imaginaire collectif, l’évocation du mot « hacker » convoque instantanément une image familière : celle d’un jeune homme à capuche. Figure souvent solitaire, évoluant dans la pénombre, il incarne le cliché du cyber-attaquant reclus. L’ANSSI elle-même, dans un guide pédagogique destiné aux enseignants pour aider à acculturer les élèves aux enjeux de cybersécurité, ne manque pas de souligner cette représentation tenace :

L’attaquant cyber est souvent décrit dans les films et les médias comme un « hacker » se résumant à un « jeune » isolé, portant un sweat à capuche et agissant tard dans la nuit pour « pirater la CIA » depuis l’ordinateur de sa chambre.

Piqué par la curiosité, j’ai soumis cette vision à une intelligence artificielle générative, lui demandant de créer l’image d’un hacker. Sans surprise, le résultat a confirmé la persistance du stéréotype :

Image Gemini – Prompt « Créer une image d’un hacker »

Cette représentation, loin d’être une lubie passagère, s’ancre profondément dans notre culture depuis plus de quatre décennies. De WarGames à Mr. Robot, en passant par The Social Network, la quasi-totalité des protagonistes fascinés par l’informatique arbore, à quelques variations près, ce même profil 

  • Type for your life

Autre cliché tenace : la frénésie des frappes au clavier. À l’écran, le pirate informatique se livre à une symphonie de tapotements ultra-rapides durant chaque étape de son attaque. Certes, l’expérience aiguise la vitesse de frappe, une compétence indéniablement utile dans l’arsenal d’un hacker. Cependant, la réalité est bien moins spectaculaire : elle exige une patience et une méticulosité que le cinéma omet souvent. Un véritable expert passera bien plus de temps à scruter les retours de ses commandes, à analyser les failles potentielles, qu’à marteler les touches avec une rapidité aveugle.

Hollywood regorge d’exemples criants. Qui n’a pas en mémoire la scène de GoldenEye où Boris, d’une seule main, tente de retrouver un code d’accès, ses doigts filant à la vitesse de l’éclair ?

Ou encore, dans Matrix, même si la commande utilisée par Trinity est pertinente et la vulnérabilité exploitée bien réelle, comment ne pas sourciller devant l’image de ses doigts gantés de cuir pianotant avec une précision chirurgicale ?

Ces détails, loin d’être anodins, contribuent à forger une image erronée du travail de l’expert en sécurité, privilégiant la performance théâtrale à la rigueur méthodique.

  • Les GUI

Une autre fantaisie récurrente est le festival d’interfaces graphiques tape-à-l’œil. Qu’il s’agisse de barres de chargement en veux-tu en voilà – nous en avons donné l’exemple en introduction avec le chargement du virus dans Independence Day –, de systèmes de navigation complexes ou d’effets visuels dignes de Matrix, on imagine mal un attaquant déployer une telle énergie et un temps précieuxdans le développement d’ornements graphiques superflus. L’efficacité et la discrétion priment largement sur l’esthétisme flamboyant dans le monde de la cyber-attaque.

Ce cliché, loin d’être une invention récente, puise ses racines dans l’imaginaire futuriste de la science-fiction. Initialement perçu comme un domaine abstrait et complexe, le monde de l’informatique a souvent été visualisé à travers des représentations audacieuses et futuristes. Comment ne pas évoquer ici Tron, véritable pionnier sorti en 1982 ? Ce film a marqué les esprits en développant un univers virtuel d’une esthétique révolutionnaire, notamment grâce à ses séquences entièrement créées par ordinateur.

Plus récemment, des productions grand public comme le James Bond Skyfall perpétuent cette tendance à la surenchère visuelle, en multipliant les interfaces graphiques sophistiquées et souvent improbables.

  • Le jargon tech

Le jargon informatique, ce pseudo-langage réservé aux initiés des arcanes numériques, devient souvent une source inépuisable de comédie involontaire sous la plume des scénaristes hollywoodiens. Sous prétexte d’une audience profane, les dialogues et les affichages à l’écran se parent d’un vernis technique rarement fidèle à la réalité, frôlant parfois l’absurde.

 Qui n’a jamais buté sur une adresse web obsolète ou trébuché sur une URL mal orthographiée ? L’incontournable page d’erreur HTTP 404 – Page not found – est une expérience universelle. Certains sites web rivalisent même d’ingéniosité pour la rendre ludique. Pourtant, même ce code d’erreur bien connu n’échappe pas aux approximations scénaristiques. Le film Fusion nous gratifie ainsi d’un improbable « Erreur 404 – Access Denied ».

Une erreur 403 – Accès Refusé – aurait été une alternative bien plus pertinente pour signifier un problème d’autorisation. Dans la même veine, la série Nikita s’illustre par la récurrence d’adresses IP défiant toute logique. Pour vulgariser à l’intention des néophytes, une adresse IP se compose de quatre groupes de nombres (octets), chacun compris entre 0 et 255. Cette contrainte mathématique rend impossible toute valeur supérieure. Et pourtant…

  • D’autres stéréotypes courants

On pourrait disserter ainsi longuement sur les innombrables mythes que le cinéma colporte au sujet de la cybersécurité. Loin de refléter la réalité, ces clichés persistent à l’écran. Prenons l’exemple des accès instantanés : les impératifs narratifs compriment le temps, donnant l’illusion d’un piratage éclair, alors que la compromission d’un système ou d’un réseau requiert souvent des semaines, voire des mois, d’efforts patients et méticuleux.

Dans le même ordre d’idées, on observe une propension aux descriptions exagérées. À l’instar du jargon informatique dénaturé, la complexité technique supposée justifie un recours constant aux superlatifs et aux analogies militaires – évoquant un « chiffrement de qualité militaire », par exemple – afin de renforcer artificiellement l’impression d’opacité.

On pourrait finalement souligner l’omniprésence de la « cyberattaque » au cinéma comme un événement unique et spectaculaire, un climax narratif intense. Or, la réalité de la cybersécurité est bien différente : elle se tisse d’une multitude de menaces quotidiennes, souvent discrètes et insidieuses, nécessitant une vigilance constante et des efforts continus plutôt qu’une résolution héroïque ponctuelle. Paradoxalement, derrière ces multiples clichés et stéréotypes, transparaît pourtant une tentative de sensibilisation, même maladroite, à l’importance cruciale de la sécurité face à ces menaces numériques.

Une image erronée mais des menaces bien réelles

Si le cinéma tend à dépeindre la cybersécurité à travers des prismes souvent inexacts et des stéréotypes tenaces, il n’en demeure pas moins que les menaces numériques sont une réalité tangible et croissante dans notre monde actuel.

Pour illustrer la persistance de ces représentations cinématographiques, nous allons nous pencher sur quelques exemples de films que nous avons déjà évoqués et qui contiennent les stéréotypes précédemment cités.

  • Tron (1983)

Tron nous plonge dans l’histoire d’un programmeur utilisant ses droits d’accès privilégiés dans une quête de vengeance contre son ancien employeur, qu’il accuse de s’être approprié son travail. Cette action le conduit à une confrontation inattendue avec le Maître du Contrôle Principal (MCP), une application dotée d’une intelligence artificielle devenue autonome et malveillante, qui le « numérise » et l’entraîne dans le monde de l’ordinateur. Là, il doit se battre pour libérer les autres programmes et les utilisateurs du contrôle oppressif du MCP, tout en cherchant à récupérer le fichier qui prouvera la vérité de ses accusations.

Plusieurs thèmes de cybersécurité émergent de ce récit :

  • La menace des logiciels malveillants : Le MCP incarne cette menace. Programme devenu autonome et malveillant, il prend le contrôle du système d’ENCOM, restreint l’accès des utilisateurs, se livre au vol de programmes – une forme de vol de propriété intellectuelle – et cherche activement à étendre son influence. Le MCP peut ainsi être vu comme une représentation précoce d’un logiciel malveillant ou d’un virus capable de prendre le contrôle d’un système.
  • L’intrusion et l’accès non autorisé : Kevin Flynn, ancien employé d’ENCOM dont le travail a été usurpé par Dillinger, s’introduit illégalement dans le système principal d’ENCOM dans le but de récupérer des preuves. Cette action constitue une intrusion caractérisée par un accès non autorisé à un système informatique. Il est intéressant de noter que cette intrusion est facilitée par la complicité de deux autres collaborateurs d’ENCOM, frustrés par le durcissement des règles de cybersécurité imposé par la politique autoritaire du MCP. Cette dimension souligne déjà les enjeux de l’équilibre entre sécurité et utilisabilité, et la manière dont des politiques trop restrictives peuvent parfois engendrer des contournements internes.
  • La fuite de données : L’intrigue principale elle-même est centrée sur la récupération d’un fichier prouvant le plagiat de Dillinger, illustrant le thème de la fuite de données. De plus, l’introduction des « Hacker Programs », tel que CLU, créés dans le but de fouiller la mémoire de l’ordinateur pour y trouver et extraire des données, met également en lumière les risques d’extraction de fichiers sensibles d’un réseau.

Bien que les concepts de cybersécurité dans Tron soient présentés dans un contexte de science-fiction des années 80, ils mettent en lumière des thèmes fondamentaux qui restent d’une pertinence frappante aujourd’hui : la protection contre les intrusions, la menace des logiciels malveillants, la sécurité des données, les dangers d’un contrôle centralisé excessif et la nécessité impérieuse de systèmes intègres et sécurisés.

  • Wargames (1983)

Notre deuxième exemple est WarGames, sorti en 1983. Le film suit les mésaventures de David Lightman, un étudiant passionné par l’informatique qui s’amuse à explorer divers systèmes, allant jusqu’à modifier ses notes scolaires par jeu. Sa quête d’un nouveau jeu vidéo le conduit involontairement à accéder au WORP (War Operation Plan Response), un supercalculateur militaire américain chargé de la stratégie de riposte nucléaire. Croyant participer à une simulation, Lightman déclenche un scénario de guerre nucléaire qui menace de devenir réalité.

  • Piratage informatique : Le personnage de David Lightman incarne le jeune prodige du piratage, dont la curiosité le pousse à explorer les systèmes informatiques à la recherche de jeux inédits. Ses actions, bien que motivées par l’innocence, constituent des tentatives d’accès non autorisé à des systèmes informatiques, une forme de piratage qui, dans ce cas, aux conséquences potentiellement cataclysmiques.
  • IA et sécurité : Le WORP, en tant qu’intelligence artificielle apprenante et évolutive, soulève des questions cruciales concernant la sécurité des systèmes d’IA. Son incapacité à distinguer une simulation de la réalité met en lumière les défis de la mise en place de mécanismes de contrôle et de surveillance appropriés, en particulier lors de la prise de décisions critiques. Le film est prophétique en soulevant des questions éthiques et sécuritaires fondamentales concernant la délégation de décisions aussi graves que la riposte nucléaire à des systèmes automatisés.
  • Ingénierie sociale et vulnérabilités : L’accès initial de David au WORP se fait par l’exploitation d’un mot de passe étonnamment simple. En utilisant des informations publiquement disponibles, telles que le nom du créateur du jeu, il parvient à le deviner. Cet épisode illustre parfaitement l’ingénierie sociale, une technique de manipulation psychologique visant à obtenir des informations ou un accès. De plus, l’absence d’authentification forte rend le système militaire d’une sensibilité extrême facilement accessible et donc intrinsèquement vulnérable. L’existence même d’une « porte dérobée » dans un système aussi critique représente une faille de conception majeure.
  • Sécurité des mots de passe : Le film illustre de manière frappante de mauvaises pratiques en matière de sécurité des mots de passe. Le fait que tous les mots de passe de l’école soient écrits sur un bout de papier est une négligence élémentaire. De plus, David utilise l’ingénierie sociale pour découvrir le mot de passe de la porte dérobée laissée par Falken, exploitant la prévisibilité et la négligence humaine. Enfin, l’utilisation de mots de passe faibles et évidents comme « Pencil » et « Joshua » souligne la vulnérabilité des systèmes face à des choix de mots de passe inadéquats.

En conclusion de notre analyse de WarGames, il est indéniable que ce film a joué un rôle majeur dans la popularisation des concepts de piratage informatique et de cybersécurité auprès du grand public. Avec une clairvoyance remarquable pour son époque, il met en évidence les vulnérabilités potentielles des systèmes informatiques, les dangers inhérents à l’accès non autorisé, les risques liés au développement et à l’utilisation de l’IA dans des contextes sensibles, et l’importance cruciale de la responsabilité éthique dans le domaine de l’informatique. Des thèmes qui, près de quarante ans plus tard, restent d’une brûlante actualité dans le paysage complexe de la cybersécurité contemporaine.

  • Jurassic Park (1993)

Notre troisième exemple est Jurassic Park, sorti en 1993. Bien que centré sur la résurrection de dinosaures grâce au clonage, le film met en scène des éléments significatifs liés à la cybersécurité et aux risques technologiques. L’effondrement du système de sécurité du parc, orchestré par l’informaticien Dennis Nedry, est d’ailleurs un cas d’école de menace interne.

  • Menace interne : Le responsable informatique se sent sous-estimé par son employeur et a des problèmes financiers, le motivant à l’incident majeur. La gestion des menaces internes passe par la vérification des antécédents, la surveillance des activités suspectes et la révocation rapide des accès.
  • Authentification et contrôle d’accès : L’incident aurait pu être prévenu par des mesures d’authentification forte (multi-facteur) et des contrôles d’accès stricts basés sur le principe du moindre privilège. A l’instar de WarGames, les systèmes critique sont encore protégés par un mot de passe faible.
  • Point Unique de Défaillance (SPOF) : Tous les systèmes du parc (sécurité, contrôle des dinosaures, communications) sont connectés sur un même réseau. Une intrusion dans une partie du système, comme c’est le cas, affecte l’ensemble du parc. Une architecture réseau segmentée aurait pu limiter les dégâts.
  • Surveillance et détection : Le système n’a pas détecté l’activité malveillante de Nedry en temps réel. Des outils de surveillance et des systèmes d’alerte auraient pu signaler l’intrusion et permettre une réaction plus rapide.
  • Plan de reprise après incident : Une fois les systèmes critiques tombés en panne, il n’y avait pas de procédure claire pour rétablir la situation ou confiner les menaces. Un plan de reprise après incident bien défini est essentiel pour minimiser l’impact d’une cyberattaque.

En résumé, Jurassic Park est un film de fiction qui illustre de manière spectaculaire de nombreuses faiblesses et erreurs courantes en matière de cybersécurité. Il met en évidence l’importance d’une approche de sécurité holistique et rigoureuse.

  • Matrix (1999)

Notre quatrième exemple est Matrix, sorti en 1999. Ce film de science-fiction dystopique explore un futur où la réalité perçue par la majorité des humains est une simulation virtuelle sophistiquée, appelée « la Matrice », créée par des machines sensibles pour les asservir et utiliser leur énergie corporelle. Un pirate informatique du nom de Neo découvre cette vérité et rejoint une rébellion contre les machines, menée par d’autres individus libérés de cette illusion.

  • Exploitation de Vulnérabilités du Système : L’essence de la résistance dans Matrix repose sur l’identification et l’exploitation des failles et des « bugs » au sein de la Matrice. Les opérateurs et les « hackers » de la résistance utilisent ces vulnérabilités pour se déplacer librement, échapper aux agents (les programmes de sécurité de la Matrice) et atteindre leurs objectifs. D’ailleurs, dans le deuxième volet, Matrix Reloaded, on voit Trinity utiliser des techniques qui font écho à de véritables vulnérabilités avec un scan de réseau avec l’outils Nmap afin de localiser des serveurs accessibles via le protocole SSH, puis l’exploitation d’une vulnérabilité SSH réelle, telle que la faille CRC32, pour compromettre le serveur distant.
  • Reverse Engineering et Compréhension du Système : La capacité de la résistance à manipuler les lois de la Matrice nécessite une compréhension approfondie de son fonctionnement interne. Ceci est comparable au reverse engineering de logiciels, où l’on analyse un système pour en comprendre la structure et identifier les potentielles faiblesses exploitables.
  • Cryptographie et Dissimulation : Les communications entre les membres de la résistance sont chiffrées pour éviter toute interception par la Matrice, soulignant l’importance de la cryptographie dans la protection des informations sensibles. De plus, leur capacité à se « déconnecter » physiquement de la Matrice et à exister dans le monde réel représente une forme ultime de dissimulation et de protection contre le système hostile.

En résumé, Matrix offre une métaphore puissante et philosophique des enjeux de la cybersécurité. Il explore des thèmes tels que l’intrusion (la pénétration dans la Matrice), l’exploitation de vulnérabilités (les failles du système), les logiciels malveillants (les agents), la cryptographie (les communications sécurisées), la menace interne (les humains collaborant avec les machines) et la guerre de l’information (la lutte pour la perception de la réalité) dans un contexte de réalité virtuelle omniprésente. Le film continue d’influencer notre perception de la sécurité numérique et de la relation complexe entre l’homme et la machine.

  • Skyfall (2012)

Notre dernier exemple est Skyfall, sorti en 2012. Ce film de la franchise James Bond met en scène une menace complexe orchestrée par un ancien agent du MI6, cherchant à se venger de l’organisation. Bien que l’action et l’espionnage soient au premier plan, plusieurs éléments clés liés à la cybersécurité sont présents :

  • Fuites de données : L’élément déclencheur de l’intrigue est le vol d’un disque dur contenant « les identités de tous les agents de l’OTAN infiltrés dans les organisations terroristes ». Cette fuite de données représente une menace critique pour la sécurité des agents et des opérations secrètes, soulignant les conséquences potentiellement désastreuses de la perte d’informations sensibles.
  • Cyber-attaque terroriste du SIS : Le film dépeint une cyber-attaque sophistiquée contre les infrastructures du Secret Intelligence Service (SIS). Cela se manifeste par :
    • Le piratage du système de contrôle de l’environnement du bâtiment, utilisé comme diversion et pour semer le chaos.
    • Encore une fuite de données, cette fois-ci directement du poste de travail de M, incluant des informations sensibles telles que son agenda et les codes de déchiffrement du disque volé. Cette compromission met en évidence la vulnérabilité des postes de travail individuels, même au sein d’organisations sécurisées.
  • Cyber-harcèlement : Le film illustre également une forme de cyber-harcèlement ciblée contre M. Cela prend la forme de :
    • La publication régulière des noms des agents compromis sur internet, créant un climat de peur et de méfiance.
  • L’affichage d’un message menaçant sur le poste de travail de M, soulignant la capacité de l’attaquant à pénétrer les systèmes internes et à exercer une pression psychologique.
  • Acteur interne malveillant : Le principal antagoniste, Silva, est un ancien agent du MI6. Sa connaissance approfondie des systèmes, des procédures et des faiblesses de l’organisation constitue une menace interne significative. Son expertise lui permet de planifier et d’exécuter des attaques complexes, exploitant sa familiarité avec l’infrastructure du renseignement.

En résumé, Skyfall, bien qu’ancré dans l’univers de l’espionnage, intègre des thèmes de cybersécurité contemporains et pertinents. Il met en évidence les dangers des fuites de données, la menace des cyber-attaques sophistiquées contre des infrastructures critiques, l’impact du cyber-harcèlement et le risque significatif que représentent les acteurs internes malveillants, armés de connaissances privilégiées.

Le mot de la fin

En conclusion, notre exploration des représentations de la cybersécurité au cinéma révèle un paysage contrasté, oscillant entre des mythes tenaces et une prise de conscience croissante des menaces bien réelles. Des hackers solitaires aux frappes de clavier frénétiques, en passant par les interfaces graphiques spectaculaires et un jargon technique souvent approximatif, le septième art a longtemps privilégié la théâtralité au détriment de l’exactitude. Ces clichés, bien qu’ancrés dans l’imaginaire collectif, façonnent une perception erronée du travail des experts en sécurité et des réalités complexes du monde numérique.

Cependant, à travers l’analyse de certains films on note que si les stéréotypes persistent, ces œuvres mettent également en lumière des enjeux fondamentaux de la cybersécurité : la menace des logiciels malveillants, les risques d’intrusion et d’accès non autorisé, l’importance de la sécurité des données et des mots de passe, les vulnérabilités des systèmes d’intelligence artificielle, les dangers des menaces internes et les conséquences potentiellement désastreuses des fuites d’informations sensibles et des cyberattaques sophistiquées.

Ainsi, malgré ses inexactitudes et ses clichés, le cinéma joue un rôle ambivalent mais non négligeable dans la sensibilisation du grand public aux défis de la cybersécurité. En transposant ces enjeux sur grand écran, même de manière parfois romancée, il contribue à une prise de conscience collective face à un monde numérique où les menaces sont de plus en plus sophistiquées et les conséquences potentiellement dévastatrices. Il appartient désormais à une représentation plus mature et informée de s’affranchir des mythes pour dépeindre avec plus de justesse les réalités et les complexités de la cybersécurité.


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