Comment utiliser la Data pour un numérique plus vertueux ?
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Au cours des 20 dernières années, j’ai eu la chance de travailler dans des secteurs d’activité extrêmement variés : banque de détail, services financiers, assurance, mutuelle santé, assistance à la personne, logistique, transport, industrie, aéronautique. Quel que soit le secteur d’activité, la donnée est au cœur des systèmes d’information. C’est ce que nous citions en introduction avec les éléments de base.
La donnée est collectée dans les différentes applications métiers et circule dans l’ensemble du système pour faire aboutir le processus qu’elle sert : souscription d’un nouveau contrat, planification d’une activité, approvisionnement de matériaux. Mais le chemin de la donnée ne s’arrête pas là… Alors comment utiliser la data pour un numérique plus vertueux ?
- En aval de l’entreprise, la donnée peut être utilisée pour transmettre des informations aux fournisseurs et partenaires : approvisionnement de matériaux, référentiel produit… De la même façon, certaines données peuvent provenir de l’extérieur en amont de vos processus.
- De l’autre côté du processus, les interactions clients permettent d’échanger des informations sous la forme de données : transmission d’un justificatif de domicile, commande d’un produit, demande d’assistance, questionnaire de satisfaction…
- Au niveau de l’entreprise, la donnée peut être consolidée pour proposer des tableaux de bord permettant de mesurer la performance de l’entreprise : analyse de la rentabilité, mesure de la qualité, projection de vente ou encore alimentation des algorithmes d’intelligence artificielle.
Outre ces données de « gestion », il convient également de s’intéresser aux données dites « techniques ». Ces dernières correspondent à des mesures prises par des outils numériques pour évaluer l’état de fonctionnement d’un équipement ou tracer une activité de façon détaillée. Elles sont générées automatiquement et représentent une part non négligeable dans le volume global : logs techniques de votre ordinateur ou de votre téléphone, données de navigation sur une application mobile ou un site internet, données transmises par les équipements à l’intérieur de votre véhicule, rythme cardiaque via votre montre, station météo connectée dans votre jardin, …
Ces données « techniques » permettent de monitorer l’état d’un système ou d’un processus, mais aussi de surveiller les interactions entre l’utilisateur final et l’outil numérique à sa disposition. Il est alors possible de détecter les dysfonctionnements (page qui ne s’affiche par sur le site), d’agir sur le comportement de l’application pour faciliter son utilisation (adaptation de l’affichage) ou orienter l’utilisateur vers les services souhaités (mise en avant du produit le plus rentable).
Comme vous l’aurez compris, une même donnée peut avoir des utilisations très différentes. Elle pourra servir :
- des besoins liés au fonctionnement de l’entreprise,
- des demandes pour échanger des données entre les organisations,
- ou encore des besoins liés au développement de nouveaux services.
L’émergence de ces cas d’usages ne pose pas de difficulté en règle générale car les besoins et demandes remontent régulièrement. En revanche, l’étape suivante qui vise à qualifier ces demandes nécessite une attention particulière. Il faudra notamment :
- définir l’objectif à atteindre et la finalité du traitement,
- identifier les données sous-jacentes nécessaires,
- définir le processus de collecte et l’origine des données,
- lister les personnes habilitées à accéder à ces données.
C’est à l’issue de cette qualification que viendra l’étape de sélection qui vise à :
- évaluer le respect des obligations : traçabilité et protection des données, finalité du traitement,
- s’assurer de la couverture des enjeux liés à l’environnement et au social,
- vérifier l’adéquation avec la stratégie retenue et de la gouvernance.
La sélection des cas d’usages pertinents est l’une des clés pour une démarche Data Responsable réussie.
Afin d’orienter la démarche des organisations, différentes stratégies sont possibles. Vous trouverez ci-dessous des exemples de dispositifs qui peuvent influer sur cette sélection des cas d’usages.
Être acteur du plan « France Nation Verte »
Le plan France Nation Verte26 lancé par le gouvernement en novembre 2022 se décompose en 6 thématiques qui couvrent toutes les dimensions de nos vies :
- se loger,
- produire,
- se nourrir,
- consommer,
- préserver,
- se déplacer.
Le plan France Nation Verte vise à accélérer la transition écologique, à mieux organiser les actions sur le sujet et à envisager la transition écologique comme source de nouvelles opportunités.
Ce plan a permis d’activer différents dispositifs permettant de passer de la planification à l’action :
- l’appel à projet ECONUM, porté par l’ADEME
- le programme FrenchTech2030, lancé par le Secrétariat Général pour l’Investissement et BPI France
- la feuille de route de décarbonation du numérique, pilotée par le Haut Comité au NR
- la feuille de route concernant l’utilisation du numérique et des données, pilotée par le SGPE
- le programme TechSprint visant à identifier et favoriser le déploiement de services data innovants, porté par la Caisse de Dépôts.
Ces dispositifs impulsés sous l’égide du plan « France Nation Verte » sont des opportunités intéressantes à étudier aussi bien pour les entreprises que pour les collectivités. En effet, l’accompagnement et l’aide proposés peuvent faciliter le déploiement de cas d’usages innovants.
Devenir une entreprise engagée
Certaines entreprises font le choix de devenir des sociétés à mission. Cela signifie que leurs statuts portent une finalité d’ordre social ou environnemental en plus du but lucratif. De nombreux exemples existent mais voici deux exemples.
La Banque Postale qui s’est fixée 3 objectifs dont celui de la transformation de leur modèle de bancassurance par la culture de l’impact environnemental, social et territorial.
La MAIF qui s’est fixée 5 objectifs sociaux et environnementaux dont la contribution à la transition écologique à travers ses activités. En complément des statuts, on peut d’ailleurs citer les différents exemples d’initiatives de la mutuelle :
- le déploiement d’une charte qui vise à mettre le numérique au service de l’homme. On y retrouvera notamment leur engagement sur la protection des données,
- la libération de différents projets en Open Source : Otoroshi, Melusine ou Shapash. Cette ouverture de leur code, soutenue par les équipes, est un exemple d’engagement qui favorise la coopération et la partage des connaissances.
Ces choix de gouvernance partent du niveau de décision le plus haut dans les entreprises. Ils permettent une implication forte de l’ensemble de la société et une cohérence globale dans la chaine de décision.
S’inscrire dans les initiatives participatives
Initiatives portées par les collectivités
Les collectivités ont la possibilité de mettre en place diverses initiatives à destination des citoyens ou des entreprises de leur territoire. Parmi ces initiatives, on notera quelques exemples d’initiatives liées au Numérique Responsable ou plus particulièrement celles liées à la gestion des données.
Le soutien de l’innovation locale
Le pôle de compétitivité ENTER est soutenu par la région Nouvelle Aquitaine. Il a pour mission de développer un numérique responsable, sobre, maîtrisé, durable, inclusif et résiliant pour accélérer les transitions. De nombreux acteurs de la filière sont réunis dans ce pôle régional qui va bénéficier d’un dispositif d’aide pour les projets innovants. Les ambitions du pôle ENTER :
- Dynamiser l’écosystème d’innovation pour développer un numérique responsable,
- Accompagner les organisations et former les talents pour une filière numérique responsable,
- Réduire l’empreinte environnementale du numérique (aspects logiciels et matériels),
- Soutenir des technologies responsables dès leur conception (by design),
- Favoriser l’interdisciplinarité des compétences au service de l’excellence du numérique responsable,
- Placer l’humain au cœur des innovations du pôle,
- Accélérer les transitions des filières et des territoires par un numérique responsable.
L’exemple de ce dispositif démontre la capacité pour les organisations se s’inscrire dans une initiative territoriale pour porter un projet innovant sur le numérique responsable. Au même titre, d’autres dispositifs d’aides peuvent être proposés par les régions comme des subventions pour accompagner les entreprises dans leur labélisation Numérique Responsable ou former ses salariés à l’écoconception.
La mise en commun de données pour servir les territoires
Cet usage de la Data au service d’une meilleure connaissance des territoires a été largement abordé lors du salon Breizh Data Day 2023 auquel Néosoft a participé (retour d’expérience de RésOVille et présentation de cas concrets où l’utilisation des données a permis de répondre à des questions relatives à l’emploi ou à la santé). Les travaux répondaient aux objectifs suivants :
- Utiliser des outils de data science et de type « smart city » dans les quartiers
- Améliorer la connaissance et l’observation des quartiers grâce à la data
- Documenter la méthodologie pour favoriser la duplication des expérimentations
- Expliquer ces nouveaux outils, ces nouvelles données, ces nouveaux usages, ces nouveaux enjeux
Les initiatives de la sorte servent à évaluer ou éclairer les politiques publiques locales, en particulier dans le contexte des Quartiers Prioritaires de la Politique de la Ville. Les cas d’usage traités témoignent des défis rencontrés pour collecter les données nécessaires aux études mais aussi à la traduction des données disponibles d’une échelle géographique à une autre. Malgré la disponibilité de certaines données au niveau des collectivités, la mobilisation des acteurs économiques du territoire reste l’une des clés de la réussite.
Le concept de Données d’Intérêt Générale s’applique aux collectivités, aux organismes chargés de missions publiques et aux établissements publics. Ce concept peut être transposé dans la politique de gouvernance des entreprises sans révéler de contenu stratégique ou confidentiel.
Initiatives portées par des associations
Pour conclure, voici les initiatives de deux associations dont les activités peuvent être soutenues par une organisation ou à titre individuel par un spécialiste de la Data.
L’accélération de projets via Data For Good
L’association Data For Good regroupe une communauté de plus de 4000 volontaires dans le but d’accompagner des Associations, ONG ou Entreprises Sociales et Solidaires dans leurs projets. Créée en 2014, cette association a aidé plus de 100 projets depuis son lancement. Organisé sous forme de saison, cet accélérateur de projets soutient des initiatives variées :
- Baromètre RSE 2022 : cette étude aide toutes les entreprises à accélérer leur transition sociale et environnementale en leur donnant les outils pour comprendre, se comparer, analyser, et s’approprier le sujet.
- The Shift Data Portal : portail de visualisation de données énergie-climat développé par le Shift Project et les Shifters. Il permet de consulter et d’explorer des informations sur l’énergie (production, consommation, mix fossile et électrique) et le climat (émissions, bilans carbone, identité de Kaya).
- Solinum : propose des dashboards de données analytiques pour les associations et les pouvoirs publics, permettant d’observer en un clin d’œil les besoins alimentaires des territoires.
La sensibilisation au numérique via Latitudes
L’association Latitudes s’intéresse aux enjeux sociaux et environnementaux en agissant pour une technologie plus citoyenne, plus accessible, plus diverse, plus engagée, plus respectueuse de l’humain et plus sobre. Concrètement, l’association propose différents types d’engagements sous forme d’animation d’atelier ou de coaching.
Malgré l’intérêt pour l’ensemble des initiatives de Latitudes, revenons sur trois d’entre elles qui ont un lien direct avec notre guide pratique pour une Data Responsable :
- Bataille de l’IA, un jeu de cartes qui propose de découvrir les enjeux sociaux et environnementaux de l’Intelligence Artificielle (IA) Générative, durant un atelier de deux heures destinées au grand public, aux étudiants et aux professionnels.
- Open Data University, programme destiné aux établissements qui forment à la data. Il propose aux élèves de travailler sur des challenges pédagogiques qui répondent à des défis sociaux et environnementaux grâce aux données publiques.
- 1h pour changer le monde : qui met en relation spécialistes de la data et porteurs de projets (associations – organisations à impact) pour faire avancer les projets à impact grâce au numérique.
Agir au cœur de son système d’information
Comme abordé en introduction, le numérique a un impact environnemental non négligeable. L’ACV des produits numériques viendra bientôt renforcer nos capacités d’analyse de cet impact. Mais nous disposons déjà de conclusions de nombreuses études permettant d’identifier les leviers d’actions en fonction de notre position dans l’écosystème :
Les cas d’usages du guide pratique Néosoft pour une Data Responsable
Notre guide a l’ambition de vous présenter des cas d’usages pertinents pour lesquels la Data a un impact positif et significatif :
- Disposer d’un référentiel exhaustif des équipements constituant le système d’informations afin d’optimiser leur allocation en fonction de leur utilisation,
- Monitorer l’énergie consommée par les services, les équipements et les infrastructures du système d’informations en disposant de mesures comparables,
- Analyser la performance d’un service numérique en fonction des fonctionnalités ou des utilisateurs pour détecter et alerter en cas de dérives liées à un usage imprévu ou une anomalie,
- Afficher à l’utilisateur final, les ressources consommées par un service pour contribuer à une autorégulation ou fournir les éléments de comparaison permettant une analyse comparative,
- Constituer un référentiel permettant de mesurer l’impact environnemental des services numériques en prenant en compte l’ensemble des éléments du cycle de vie.
En complément du livre blanc : nous avons produit des fiches détaillées reprenant les cas d’usages présentés dans ce guide. Ces fiches contiennent une liste de préconisations : objectifs à atteindre, données sous-jacentes, processus de collecte, personnes habilitées.