[Techdays 2011] : Les objets intelligents
L’an dernier, Dominique Sciamma, directeur de recherche du Strate College, animait une première conférence sur les objets intelligents. Il expliquait alors que la frontière du logiciel n’est plus l’interface (l’écran) mais l’objet lui même (ce qu’il y a autour de la puce). Cette année, en plus de réintroduire les concepts déjà énoncés, il a axé sa présentation sur des exemples concrets. Le plus souvent il s’agissait de projets de fin d’études mais aussi de projets de 3° année. Dans cet article, je vais tenter de résumer sa pensée ainsi que de présenter les-dits projets.
Le designer
Le but d’un designer est d’imaginer le monde de demain. Contrairement à ce qu’on voit dans les films de science fiction, le monde de demain est très semblable à celui dans lequel nous vivons. A la différence notable que les objets sont devenus intelligents, l’informatique a envahi les objets que nous utilisons tous les jours, nous vivrons dans un monde augmenté.
Comme le dit M. Sciamma, les progrès de l’informatique doivent servir “Premier Life” et non “Second life”. Il faut dès lors recentrer les efforts sur le centre du problème : l’objet. On a trop oublié que l’écran, les interfaces sont par définitions périphériques. Dans le futur, les objets ne seront plus porteurs de fonctionnalités, mais de comportements. Cet axe de recherche est déjà parcouru par les robots humanoïdes japonais par exemple.
La nécessité d’une révolution
Ce changement de la notion d’objet est une rupture essentielle (c’est un changement de paradigme). On peut s’interroger sur l’origine possible d’une telle rupture. Ce qui est sûr, c’est qu’elle ne peut pas venir des utilisateurs, qui ne peuvent pas imaginer la révolution, un consommateur ne voit que ce dont il a besoin, il résonne en terme de fonctionnalité. Elle ne peut pas venir non plus des commerciaux, qui se contente de créer (efficacement) le besoin chez les consommateurs à grand renforts de publicité et d’obsolescence programmée. Elle ne peut pas non plus venir de la technologie, en effet la technologie est par définition une contrainte, or on ne veut pas être limité, on doit imaginer.
Il incombe donc aux designers de mener cette révolution, car il s’agit bien d’une révolution dans notre mode de vie, au même titre que l’écriture, l’imprimerie, l’informatique ou même internet. Pour ce faire, les designers doivent mettre la raison entre parenthèses car au même titre que la technologie, la raison est une prison, une modèle dans lequel on s’enferme or ce dont on a besoin c’est d’imaginer une nouvelle façon de penser : la nouvelle pensée magique, comme se plait à le rappeler M. Sciamma.
Les projets
Dominique Sciamma a illustré ses propos de projets de ses élèves. On pourra notamment apprécier :
- La Living Kitchen, intégrée dans un mur de matériaux intelligents
- EyeVision, des lunettes 3D permettant de voir d’augmenter la réalité avec de nouvelles informations, de suivre des concerts virtuels dans un lieu bien réel ou encore de prendre le point de vue d’un autre porteur.
- Aeon, le pare brise augmenté, réalisé en collaboration avec Dassault System et primé aux imagina awards.
- Un bras bionique permettant de faire des analyses biologiques pour aider les personnes handicapées.
- Des bagues qui permettent à ceux qui les portent de créer de la musique, seul, en duo ou même en battle.
- …
Conclusion
La conférence était très enrichissante sur le futur de l’informatique et de notre monde. Je finirai cet article sur une pensée de M. Sciamma qui a dit :
“le 19° siècle a été le siècle des ingénieurs, il fallait alors produire des biens pour répondre à des besoins croissants. Le 20° siècle a été celui des commerciaux, des marketters qui ont su créer les besoins. Le 21° siècle quant à lui, sera celui des designers, de l’innovation.”
Ce n’est pas anecdotique que Steeve Jobs, le patron d’une des entreprises les plus en vogues et les plus innovantes ces dernières années, soit un designer de formation.
Pour aller plus loin
- La session 2010 des techdays en Webcast
- Prêt à jeter, un documentaire sur l’obsolescence programmée de nos biens de consommation et la nécessité de changer de mode de consommation